Faut-il mettre en place un accord d’intéressement en période de crise ?

Dans un contexte de crise où nombre d’entreprises sont fragilisées, pensez-vous que la mise en place d’un accord d’intéressement soit judicieuse ?

Didier Irigoin

Didier Irigoin : Justement oui, pour favoriser la relance de l’activité de l’entreprise et donner des perspectives d’avenir positives aux salariés ! L’intéressement est un outil de choix dans cette démarche, puisqu’il s’agit de récompenser les collaborateurs par une prime en rapport avec la performance de l’entreprise. C’est une façon de dire « si l’entreprise gagne, vous gagnez aussi » qui a fait ses preuves car elle procède d’une démarche volontaire de la part du chef d’entreprise. Si la participation est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés, l’intéressement est un pur outil de management, à la discrétion de l’entreprise.

Que se passe-t-il si les résultats ne sont pas au rendez-vous et que l’entreprise ne peut pas verser de primes ?

Didier Irigoin : L’intéressement présente un avantage déterminant en temps de crise, car la prime n’est versée que si l’objectif défini dans l’accord est atteint. Si ce n’est pas le cas, l’entreprise ne redistribue rien. L’intéressement est donc une façon de récompenser les collaborateurs pour les succès de l’entreprise mais qui ne la met pas en risque si les résultats ne sont pas au rendez-vous. Par exemple, l’accord peut prévoir que si l’entreprise atteint 50 000 € de résultat, l’intéressement sera de 10% (selon les modalités).

Est-ce qu’il ne vaut pas mieux verser des primes classiques ?

Didier Irigoin : Non, parce que l’intéressement est plus efficace qu’une prime ou une augmentation. Avec la loi Pacte de 2019, le Gouvernement a cherché à favoriser l’épargne salariale, notamment en supprimant le forfait social dans les entreprises de moins de 250 salariés pour la mise en place d’un accord d’intéressement. Cela signifie que les petites et moyennes PME (c’est-à-dire la grande majorité des entreprises en France), ne payent ni charges sociales, patronales ou salariales sur les versements au titre de l’intéressement. Une aubaine qui fait que la prime d’intéressement est 3 fois plus efficace qu’une prime classique. Et en versant la prime d’intéressement sur un PERECOL (qui succède au PERCO), le salarié peut atteindre un taux d’efficacité de 90%. Cela signifie qu’avec une prime de 1 000 €, il touchera 903 € au lieu des 547 € qu’il toucherait avec une prime classique, après les prélèvements divers et l’impôt sur le revenu1. Quant à l’entreprise, elle fait l’économie des charges sociales.

1 Sur la base d’une tranche marginale d’imposition à 30%.