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L’essoufflement de la croissance complique la rentrée du gouvernement

Pour la consommation...

Pour la consommation, la baisse de l’inflation sera déterminante alors qu’elle permettra un rebond du pouvoir d’achat, qui profitera aussi de la deuxième phase de baisse des charges sociales. Progressivement, les créations d’emplois et la dynamique de progression des salaires soutiendront les dépenses des ménages. Du côté des entreprises, les investissements resteront élevés, supportés en 2019 par un surplus de trésorerie avec la transformation du CICE en baisse de charges, concomitante au versement du CICE 2018. Plus structurellement, l’investissement sera également soutenu par des commandes solides, par les réformes du marché du travail et la baisse progressive à 25% d’ici 2022 du taux d’imposition des sociétés. Concernant les échanges commerciaux, l’environnement est certes moins favorable mais la France regagne en compétitivité et la baisse de l’euro donnera un coup de pouce. Le point négatif réside dans l’investissement des ménages qui se trouve dans une phase de normalisation à la suite d’une période historique sur le marché de l’immobilier, réduisant mécaniquement la contribution de cette composante à la croissance.

L’enjeu pour le gouvernement est de combiner ralentissement économique et équilibre budgétaire

Ainsi, tout l’enjeu pour le gouvernement est de combiner ralentissement économique et équilibre budgétaire en vue de la présentation de la loi de Finances 2019 d’ici la fin du mois de septembre. Entre économies supplémentaires et déficit public plus élevé, l’exécutif a choisi une voie intermédiaire pour limiter tout effet négatif sur la croissance. Les objectifs de déficit sont moins ambitieux, la cible est passée de 2,3% du PIB à 2,6% pour 2018 et entre 2,6% et 3% pour 2019. Dans le même temps, la revalorisation des retraites, des APL et des allocations familiales sera limitée à 0,3% cette année, tandis que, pour les entreprises, la baisse de cotisations patronales de 4 points sur les salaires au niveau du SMIC a été reportée à octobre 2019. Par ailleurs, le prélèvement de l’impôt à la source sera bien mis en œuvre dès janvier 2019. Conscient du risque d’un impact psychologique négatif pour la consommation, le gouvernement a apporté un coup de pouce en relevant à 60% la part de l’avance versée pour les crédits d’impôts dès le 15 janvier et en l’élargissant à l’immobilier locatif. Du côté des réformes, des chantiers sont toujours en cours autour de l’assurance chômage. La question de la dégressivité des allocations chômage est posée tandis que le système de bonus/malus pour les contrats courts reste sur la table des négociations des syndicats professionnels. Enfin, la loi Pacte est désormais à l’étude au Parlement, le gouvernement mise sur une adoption d’ici la fin de l’année pour une mise en œuvre dès le 1er janvier 2019.

Le gouvernement conserve néanmoins la confiance des investisseurs sur la gestion des déficits

Notons toutefois que le gouvernement conserve néanmoins la confiance des investisseurs sur la gestion des déficits, les marchés n’ayant pas réagi à l’annonce d’objectifs moins ambitieux et d’un scénario de croissance plus défavorable. La France bénéficie de conditions de financement exceptionnellement favorables, mais ces dernières devraient se dégrader lentement du fait de la sortie des politiques monétaires accommodantes des banques centrales. Le mouvement sera toutefois très progressif : la BCE table sur une réduction de ses achats d’actifs de 30 à 15 M€ à partir du mois d’octobre avant un arrêt complet en fin d’année. Les taux directeurs devraient rester à leur niveau actuel (-0,4% pour le taux de rémunération des dépôts) au moins jusqu’à l’été 2019, laissant le temps aux différents acteurs pour s’adapter à leur futur environnement.

Source : CM-CIC Market Solutions, septembre 2018.